Les murs de Carthage
Quand l’ennemi tambourine
Aux portes de la plaine,
Quand les fées du jours s’inclinent
Et que la lune est pleine,
Quand se préparent au carnage
Tous les calmes apparents,
Mais que plus rien ne surnage
De sensé dans les rangs,
Tiens ton démon intérieur à l’abri des outrages,*
Pur et sans manigance,
Libre et pur dans sa danse.
Car sa durée n’est qu’un point*
Son objet un mystère,
Ce qu’on y voit incertain
La vie est une guerre,*
Une guerre et un naufrage
Un séjour étranger,*
Une seule chose peut sans dommage
Te la faire supporter :
Tiens ton démon intérieur à l’abri des outrages,
Pur et sans complaisance,
Libre et pur dans sa danse.
Le corps coule comme un fleuve*
L’âme est songe et fumée,*
Le cœur est recru d’épreuves
Mais le feu est sacré,
Il brûle aux murs de Carthage
Et là dans ton meublé,
Quand tu n’es plus que l’otage
D’un dieu dégénéré,
Tiens ton démon intérieur à l’abri des outrages,
Pur en sa différence
Libre et pur dans sa danse
Tiens ton démon intérieur à l’abri des outrages
Pur en sa délivrance
Libre et pur dans sa danse.
Fabrice Beauvoir
*D’après Marc Aurèle (Livre 2, pensée N° 17)