Perdu

J’avais une Fender de mille-neuf-cent-cinquante
Micros d’origine touche de palissandre,
Le son vintage des premières « solid body »
Pour l’avoir j’avais dû vendre l’ampli.
Avec mon copain Fred pour se faire des ronds
En terrasse on a joué même hors saison.
On allait voir des vieux films américains
On marchait comme nos héros vers demain.

Perdus, perdus
Le long des rues,
Perdus loin de tout,
On n’aurait jamais cru
Marcher si perdus…

On s’est rencontré chez des amis communs
Dire que j’ai failli demander sa main !
On s’est installé dans un studio miteux
J’ai vécu là mes jours les plus heureux.
Elle avait l’âge où on a besoin d’une situation
Je n’avais que mes rêves pour horizon.
J’ai pris le train pour Paris et me voilà
Dans cette banlieue pourrie depuis des mois !

Perdu, perdu
Le long des rues,
Perdu, sans un sou,
Tout reprendre au début,
Oui tout,
Oh perdu, perdu
Avancer nu,
Perdu loin de tout,
Je n’aurais jamais cru
Marcher si perdu…

Aujourd’hui la Fender est dans un placard
Et mon pote Fred bosse au guichet d’une gare.
Voiture, gamins, cité plus emprunts classiques
Mais que faire quand il n’y a plus d’Amérique ?
Moi j’ai pris un sens unique et j’irai de ville en ville
Jusqu’à ces falaises aux bords immobiles.
On m’a poussé hors du cercle du soleil
Si je tombe ce s’ra pas dans mon sommeil.

Fabrice Beauvoir