Rosy

J’avais depuis longtemps laissé s’échapper ma chance,
Ma vie n’avait alors vraiment plus le moindre sens,
Je dormais le jour et la nuit je tenais la station essence.
Elle est arrivée par le sud et voulait le plein,
Elle est entrée prendre un café le sourire en coin,
On est partis tous les deux dans ma Chrysler au petit matin.
Comme dans un rêve
Le jour s’est levé,
Comme dans un rêve
Eveillé.
En un instant tous les fantômes de ma mythologie
S’étaient incarnés sous mes yeux interdits,
Ils avaient
Pour traits
Rosy.
On s’est arrêtés le soir dans un petit motel,
Quelque part entre Mauzé, Talmont et La Rochelle,
On s’est douchés à tour de rôle cheveux mouillés qu’elle était belle !
Le temps de m’allonger d’exorciser mes démons,
Elle dormait sur le côté parcourue de frissons,
J’ai veillé hypnotisé par le ventilateur du plafond.

Comme dans un rêve
Le jour s’est levé,
Comme dans un rêve
Eveillé.
En un instant tous les fantômes de ma longue insomnie
S’étaient dissipés sous mes yeux éblouis,
A jamais
J’aimais
Rosy.


En arrivant sur Paris l’argent vint à manquer,
Dans cette affaire du quatorzième où elle fut touchée,
On avait pourtant pris là de quoi enfin tout recommencer.
La suite a été déformée mais en vérité,
Je mérite la peine maximale messieurs les jurés,
Tout s’est enchaîné si vite après la nuit du trois février.

Comme dans un rêve
Le jour s’est levé,
Comme dans un rêve
Eveillé.
En un instant j’ai réalisé que c’était fini
Et j’ai juré en fermant ses yeux rougis,
De venger
Venger
Rosy.

Fabrice Beauvoir